15 février 2012

LES RECHAUFFEURS IONOSPHERIQUES



Chapitre 56


- Ce que tu cherches s'appelle un réchauffeur ionosphérique...



Les réchauffeurs ionosphériques sont des installations, civiles et/ou militaires, dont l'objet est d'étudier les propriétés de l'ionosphère, ou de l'utiliser, en modifiant localement sa composition par l'émission d'ondes électromagnétiques ou radioélectriques. Principalement :
VLF Très Basse Fréquence
ELF Extrêmement Basse Fréquence
On verra que d'autres installations, plus discrètes, exercent aussi des activités de "chauffage", de perturbation ou de modification de l'ionosphère.
L'ionosphère (et ici) est une couche de l'atmosphère située entre 60 et 800 km au-dessus de la terre et qui la protège des attaques du soleil (éruption et vents solaires). A la façon d'un condensateur, elle contient d'énormes quantités d'énergie électrique. En outre, elle permet la réflexion et la propagation des ondes radio, d'où son importance dans les communications militaires.




On sait, sans pouvoir l'expliquer, que :
- il existe une relation entre les activités sismiques et l'ionosphère. Lire ici ( CNES lien pdf subitement disparu)
- les activités électromagnétiques humaines perturbent aussi l’ionosphère. DEMETER, un satellite français, a étudié ces interactions.
Sans tomber dans l'erreur du débutant qui consisterait à associer d'emblée les activités humaines aux activités sismiques, on s'interrogera cependant sur l'impact de ces "chauffages" dans notre ciel. 


PRINCIPAUX RÉCHAUFFEURS IONOSPHÉRIQUES (liste non exhaustive)
 
SURA [СУРА] en Russie, à Vasilsursk près de Nijni-Novgorod.
Puissance ~ 280 MW  Site officiel, en russe   Et ici 
Les premières expériences de chauffage de l'ionosphère ont commencé de mars à mai 1986.
Sans doute le plus ancien, et le plus rustique. L'installation comprend en fait 3 transmetteurs.
Collabore avec le programme Irfu, en Suède, qui dispose de 4 sites : Uppsala Kiruna Umea Lund.



Ce chauffage avec des ondes Hautes Fréquences HF affecte considérablement l'ionosphère, [sur une épaisseur d'environ 300 km, d'après l'image] occupant une région beaucoup plus vaste que la seule zone couverte par le faisceau de l'antenne de l'installation de chauffage [ici Sura]
Les premières expériences conjointes  Sura - HAARP, entre scientifiques russes et américains, datent de Mars 2006. Chaque jour entre le 27 et le 31 HAARP émettait 5 mn en alternance (5mn on/ 5mn off) et Sura 10 mn en alternance à une puissance de 80 MW.  Ici, pour les pros.


HAARP  (High Frequency Active Auroral Research Program) à Gakona, en Alaska
Puissance ~ 4000 MW. La puissance rayonnée est de 3,6 MW PEP pour une puissance ERP (puissance irradiée) maximale allant de 420 à 3800 MW selon les fréquences.
site officiel et Wiki français
Le plus puissant, et celui qui suscite le plus de questions et d’inquiétudes.
Installation officiellement civile mais dirigée en réalité par l'armée américaine. Très actif.
Travaille en collaboration avec HIPAS.
HAARP étant au cœur du roman La route de Gakona un post détaillé lui est entièrement consacré ici.



HIPAS (HIgh Power Auroral Stimulation) au nord-est de Fairbanks, Alaska
Puissance ~ 70 MW  Wiki anglais
Dirigé par l'UCLA plasma physics laboratory, travaille en étroite collaboration avec HAARP.


Platteville Atmospheric Observatory situé près de  Platteville, Colorado. États-Unis.
Un des premiers au monde. Les activités de chauffage auraient cessé en 1984, pour être transférées à HIPAS. un site 


EISCAT (European Incoherent Scatter Scientific Association) en Norvège
Puissance ~1200 MW site officiel et Wiki anglais
Installation civile gérée conjointement par les instituts scientifiques de divers pays : Norvège, Suède, Finlande, Japon, Chine, Angleterre, France (CNRS) et Allemagne.
Sites principaux : Ramfjordmoen à une trentaine de km de Trömsö et  l'île de Svalbard.
Mais aussi : Sodankylä en Finlande et Kiruna en Suède. Le quartier général est situé à Kiruna.

 Eiscat près de Trömsö

Eiscat sur l'île de Svalbard


ARECIBO (National Astronomy and Ionosphere Center (NAIC) près d'Arecibo à Porto Rico, état associé aux États-Unis.
Puissance ~ 2.5 MW  site officiel  Wiki français
Plus grande antenne incurvée au monde. Installation civile de type radiotélescope. Se visite. Dirigée par SRI International et l'Universities Space Research Association sous l'égide de la National Science Foundation, une agence de recherches scientifiques des États-Unis équivalente du CNRS.
Il semblerait que les installations aient été endommagées par un ouragan en 1999 (à vérifier)



JORN (Jindalee Operational Radar Network ) en Australie
Puissance ~ 560 kW  site officiel  Wiki anglais
Installations militaires de type radar.
Au moins deux sites, l'un près de Longreach, Qld. et l'autre près de Laverton, WA,
Entreprises concernées : Lockheed Martin, BAE Systems (qui a aussi conçu les antennes de HAARP)



"JORN utilise deux émetteurs de HF distants de 2300 km. Les signaux sont envoyés vers l'ionosphère où les faisceaux sont réfléchis au delà de l'horizon vers des cibles situées à 3000 km de distance. Les signaux réfléchis sont reçus par un second système d'antennes, déployées sur 3 km, comportant 960 mâts qui doivent être alignés avec une précision inférieure au centimètre." Sur le site de Jean-Pierre Petit


JICAMARCA (Jicamarca Radio Observatory) au Pérou
Puissance ~ 4,5 MW  site officiel  Wiki anglais  Plus ici  
Trois émetteurs de 1,5 MW chacun. 
Installation civile, longtemps (toujours ?) sous l'égide de la National Science Foundation, agence de recherches scientifiques des États-Unis équivalente du CNRS. Des étudiant américains y mènent aussi leurs recherches. 



Station du Machu-Pichu ici


MILLSTONE HILL (Millstone Hill Observatory) Massachusetts, États-Unis
Puissance ~ 2.5 MW  site officiel
Lié au Haystack Observatory, centre de recherche du Massachusetts Institute of Technology (MIT)



NMRF (National MST Radar Facility) à Gadanki, près de Tirupati, dans l'Andra Pradesh en Inde
Puissance ~ 2,5 MW  site 


MU radar (Middle and upper atmosphere radar) près de Shiga, au Japon
Puissance ~ 1 MW  site officiel
Installation civile de recherches scientifiques, ouverte aux chercheurs étrangers. Dépend du MU Observatory of the Research Institute for Sustainable Humanosphere (RISH), Kyoto University.

MOSCOU 1 GW. Russie.

APATITY près de Kharkov, Ukraine.

MONCHEGORSK 10 MW. Russie, près de Mourmansk, péninsule de Kola.

GORKIY Azerbaïdjan ?

NIIR (DUSCHANBE) 8 MW. Tadjikistan Opérationnel depuis 1981.

ZIMENKI 20 MW. Près de Nijni-Novgorod. Russie.



LES ÉMETTEURS MILITAIRES
Principalement destinées aux communications avec les sous-marins en plongée en VLF (Très Basses Fréquences). Liste ici 

On peut supposer que tous les pays disposant d'une flotte sous-marine utilisent ce genre d'émetteurs. Quelques-uns :

FTU  site ou HWU situé à Le Blanc, près de Rosnay dans l'Indre, en France
DFY, en Allemagne
ICV, en Italie
JP, au Japon 
NAA Cutler Maine, aux États-Unis Puissance ~ 2 MW  site officiel
ZEVS  Russie, au nord-ouest de Mourmansk sur la péninsule de Kola.
WMT Wisconsin Transmitter Facility.  États-Unis
MTF  Michigan Transmitter Facility. États-Unis

A titre d'exemple de la puissance de ces installations :
NWC (NORTH WEST CAPE transmitter) en Australie
émetteur de l'armée Américaine destiné au départ à la communication avec les sous-marins en plongée
Puissance ~ 1 MW Site officiel ?

"En deux ans, plus d'une cinquantaine d'événements [de chauffage] typiques ont été enregistrés.(...)

Localisation des perturbations de l'ionosphere
Ce chauffage de l'ionosphère par NWC couvre une surface de l'ordre de 500 000 km²." [Soit l'équivalent de la surface de l'Espagne.] (CNES 2007)

Lors de périodes de chauffages des installations NAA aux États-Unis et NWC en Australie, le satellite DEMETER a observé des perturbations significatives dans l'ionosphère (densité du plasma, température des électrons, etc). Les effets étaient profonds et s'étendaient largement au-delà des zones chauffées. Ainsi, ce type d'installation peut considérablement chauffer l'ionosphère et produire des changements significatifs à 700 km d'altitude. (NASA- CNRS-CNES)

Si une installation de 1 MW peut chauffer une surface équivalente à celle de l'Espagne, que peut faire HAARP avec ces 4 000 MW ?



CES RÉSEAUX RADARS QUI AGACENT L’IONOSPHÈRE

"Operational Incoherent Scatter Radars"

Jicamarca, Pérou
Arecibo, Porto Rico
Millstone Hill, USA
Sondrestromfjord, Groenland
EISCAT, Norvège/Suède/Finlande
EISCAT Svalbard Radar, Svalbard
Kharkov, Ukraine
Irkoutsk, Russie. Puissance ~ 3,2 MW
MU, Japon



 SuperDARN Super Dual Auroral Radar Network.
un réseau international regroupant une douzaine de pays et plus de 20 radars disséminés sur la planète et qui étudient les interactions entre vents solaires, ionosphère et magnétosphère.
site officiel        liste et localisation des radars       CNRS        Et ici



AUTRES INSTALLATIONS
Outre les réchauffeurs, il existe une multitude d'autres installations, souvent de type radar, militaires ou météorologiques, qui émettent des ondes vers l'ionosphère. La liste en serait infinie. A titre d'exemples :

ZHONG  SHAN STATION (Zhong Shan Antarctic Polar Station) en Antarctique, appartient à la Chine
un site     un autre avec photos     Wiki anglais

Un photomètre (?)  Probablement la plus mystérieuse de ces installations, mais travaille en collaboration avec EISCAT et les Finlandais de l'Université d'Oulu...
L'organisme chinois de recherches sur l'ionosphère : China Research Institute of Radiowave Propagation (CRIRP)

GRAVES (Grand Réseau Adapté à VEille Spatiale) en France
Puissance : secrète   site officiel   un autre site plus intéressant  Wiki
Installation militaire de type radar. Sous l'égide de l'ONERA, c'est officiellement un système de surveillance des satellites qui survolent le territoire français. Il débusque les satellites-espions chinois et américains... Un transmetteur situé sur l'ancienne base aérienne de Broye-Aubigney-Montseugny à 30 km à l'Est de Dijon, émet un signal continu 24h/24 de basses fréquences portant jusqu'à 1.000 km d'altitude. Le site récepteur se trouve à 400 km à Revest du Bion dans la zone secrète du plateau d’Albion.
Les radioamateurs peuvent capter son signal et, pour les plus chanceux, son écho en retour de la lune.
 
Les antennes du site récepteur

Bien d'autres encore...***
Et ici avec photos, détails techniques et autres "machins secrets"... un peu long à charger vu la matière...


LE GIGANTESQUE BROUILLARD ÉLECTROMAGNÉTIQUE QUI ENVELOPPE LA TERRE A-T-IL UNE INFLUENCE SUR L'ATMOSPHÈRE ?
La réponse est oui.
DEMETER capte les effets de ce brouillard électromagnétique.  Un phénomène s'appelle PLHR : Power Line Harmonic Résonance. La Résonance harmonique des lignes électriques (PLHR)  provient des ondes ELF et VLF rayonnées par les systèmes d'énergie électrique aux fréquences harmoniques de 50 ou 60 hertz. Elle est liée aux perturbations venant de la surface de la terre et due aux ondes générées par l’activité humaine (émetteurs de très basse fréquence,  stations de radiodiffusions à hautes fréquences) et modifie le climat:
"Toutes ces ondes qui se dissipent dans l'ionosphère pourraient participer au réchauffement global de la terre parce que le changement de la température globale augmente ainsi que le nombre de décharges normales de foudre dans l'atmosphère. Ces décharges supplémentaires de foudre produisent des alertes magnétosphériques qui pourraient produire le réchauffement et l'ionisation dans l'ionosphère inférieure." Plus ici.
"L'énorme PLHR au-dessus de l'Amérique du Nord a créé un "canal" permanent depuis la magnétosphère vers les couches atmosphériques supérieures, d'où il résulte une décharge continuelle d'ions et d'énergie sur tout le continent..." Ici


DOIT-ON S'EN INQUIÉTER ? 
Les champs électromagnétiques et les émissions d'ondes "domestiques": téléphonie, WiFi, écrans d'ordinateurs, lignes à haute tension, transformateurs, IRM, fours à micro-ondes, etc. font l'objet d'études et d'enquêtes sanitaires. Lire OMS 2009.  et Pollution électromagnétique.
"l'Organisation Mondiale de la Santé à revu le statut des ELF dans le classement des substances et ondes nocives ; de "non cancérogènes", les ELF ont été reclassées "peut-être cancérogènes". Les enfants vivants à proximité de lignes à haute tension ont en Europe deux fois plus de risque de développer une leucémie avant l'âge de 15 ans. D'autres effets sont suspectés, notamment concernant le risque de dépression ou la diminution des défenses immunitaires de personnes exposées au champ d'un transformateur haute tension. Les études sur les leucémies infantiles ont conduit la Suède a réviser ses normes." d'après Wiki.
Par contre l'impact sur notre environnement plus lointain est peu ou pas du tout documenté.
A tort ou à raison, certains s'en inquiètent.



CONCLUSION
Les études savantes montrent que les scientifiques de toutes nationalités travaillent en collaboration, Russes, Américains, Français...  la plupart du temps grâce à des fonds publics. Or aucune information sur le chauffage de l'ionosphère ne transparait dans les journaux ou magazines de vulgarisation scientifique.
La moindre des choses serait que le contribuable soit tenu informé de ce qui s'expérimente dans le ciel, sur ses deniers.

A leurs façons, toutes ces installations "chauffent" ou modifient localement l'ionosphère. 
On peut certes imaginer que ces perturbations représentent peu en regard des formidables tempêtes solaires qui malmènent quotidiennement notre planète, cependant, la prudence convient de s'interroger sur leur impact dans notre ciel.

Quelles sont les conséquences de ces activités humaines sur le climat ? Sur notre environnement ? 


A suivre avec HAARP.