21 février 2010

L'AUSTRALIE



Chapitre 23

Siège de l'Asio, services secrets intérieurs, Canberra, Australie.
Kilda transpirait dans le fauteuil, pourtant le climatiseur ronronnait. On avait installé un miroir cerclé d'ampoules qui jetaient une lumière vive et chaude sur son visage. La maquilleuse se penchait sur elle depuis plus d'une heure.
   - Est-ce que je peux ouvrir les yeux ?
   - Encore un peu de patience. 
La jeune femme garda les yeux clos et retourna à ses pensées. L'officier supérieur lui avait affirmé qu'elle tenait là l'occasion unique de devenir enfin celle qu'elle était vraiment. Cet enfoiré était en train de la manipuler et elle avait cédé.
 
clin d'œil au lecteur-fan, trouvée ici
(...) En 2006, les services secrets australiens lancèrent une vaste campagne de recrutement par Internet. "Un métier extraordinaire pour des gens extraordinaires" disait la pub. (authentique)
(...) La vie de Kilda trouvait ses racines dans les égarements brutaux de la colonisation australienne. En 1788, l'Angleterre cherchait une ile pour se débarrasser de ses criminels...
On lira une histoire de la colonisation australienne sur Wikipédia.
(...) Dix lapin boulottant davantage qu'un seul mouton, le gouvernement décida en 1901 de construire une barrière de protection longue de 1833 kilomètres pour contrer leur avancée. Chargée de surveiller et d'entretenir la clôture, une brigade anti-lapins fut créée, commandée par un Chief Inspector of Rabbits...
La barrière en 1926 

En 1859, (1874 selon d'autres sources) un colon anglais importa en Australie quelques couples de lapins, qui se reproduisirent à une vitesse vertigineuse pour atteindre en 1949 cinq milliards d'individus détruisant tout sur leur passage. La barrière de grillage devait protéger les pâturages de l'Ouest.
En fait, il y eut trois barrières.


En 1907, déjà, les lapins sont polygames...

The Port Pirie Advertiser, 1 Juin 1907, p.1

La clôture en 2005


Chapitre 23
(...) Poursuivant sa politique d'assimilation forcée, le gouvernement australien arracha par la force près de cent mille enfants métis aborigènes à leurs parents pour qu'ils soient élevés dans des familles blanches.
Trouvée ici
" Les législateurs, considérant les Aborigènes comme une « race en voie d'extinction », lancèrent les tristement célèbres programmes d'« assimilation » ou d'« éducation ». Ces mesures devaient achever la dispersion et la destruction des populations indigènes et il n'était pas rare que des administrateurs gouvernementaux réclament la stérilisation des Aborigènes.
Selon les directives officielles, les Aborigènes de sang pur devaient être confinés dans ces réserves où régnait la pauvreté et où on les laisserait s'éteindre peu à peu, cependant qu'on enlevait les enfants métis à leurs mères. Des fonctionnaires des services sociaux entraient dans les campements aborigènes et rassemblaient les enfants à la peau claire comme du bétail tandis que la police retenait les parents qui essayaient de les en empêcher.

Une fois capturées et envoyées dans des camps, les fratries étaient le plus souvent séparées afin d'effacer tout souvenir de leur vie antérieure. Les conditions de vie étaient pénibles et carcérales, punitions corporelles et sévices sexuels étant fréquents. Ceux qui y survivaient étaient marqués à vie. Seuls une poignée reprirent contact avec leurs parents et leurs frères et soeurs.

D'après A. O. Neville, protecteur en chef des Aborigènes en Australie-Occidentale, cette politique d'« assimilation » visait à « les intégrer dans la communauté blanche jusqu'à ce qu'on oublie qu'il y ait même jamais eu des Aborigènes en Australie.» 
 lire l'article entier ici, postface du livre Le Chemin de la liberté. L'Odyssée de trois jeunes Aborigènes, de Doris Pilkington Garimara, Ed Autrement, 2003.
"Refusant d'accepter la situation, les trois enfants s'évadèrent et suivirent, pour rejoindre leur parents au nord de l'Etat, la "rabbit proof fence" (barrière de protection contre les lapins) qui coupe l'Australie Occidentale en deux du nord au sud. Gracie fut rattrapée, mais Molly et Daisy parcoururent plus de 2 400 kilomètres dans l'outback australien."
Doris Pilkington Garimara, fille de Molly Kelly, a livré le premier récit de cet incroyable et authentique voyage  dans son livre , Follow the Rabbit-Proof Fence de 1996.

Un très bon site sur le sujet. 

Film tiré du livre :
Le chemin de la liberté,  (Rabbit Proof Fence)
Australie, 2002 de Philip Noyce
Scénario : Christine Olsen d’après le livre de Doris Pilkington

Trailer du film :
 

 Le 13 février 2008, le Premier ministre Australien Kevin Rudd a fait des excuses de la part du gouvernement pour le traitement des aborigènes dans le passé.

Les amateurs de romans noirs et policiers se pencheront sur l'œuvre de Arthur William Upfield (1888-1964) et les enquêtes de son détective Napoléon Bonaparte, né de mère aborigène et de père européen. Upfield a lui même travaillé le long de la clôture, comme inspecteur à cheval.

Vers 1930, dans le manuscrit alors inédit, Les Sables de Windee (Grands Détectives, chez 10/18), Upfield  explique comment se débarrasser d'un cadavre sans laisser de traces. Un de ses proches s'inspira de la méthode pour commettre trois assassinats, les meurtres de Murchison. 


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Une série d'articles en français sur les Aborigènes pour ceux que ces questions intéressent:
http://urosario.academia.edu/BastienBosa/Papers